Après les aveux médiatiques de mon agresseur, j’ai pris une décision qui allait bouleverser ma vie : témoigner à visage découvert lors du procès à Rodez. Contrairement aux autres victimes, qui se battaient pour rester anonymes, j’ai souhaité briser le silence. Dès les premières audiences, je pensais pouvoir effacer la honte. Le silence et la honte, disais-je, pouvaient disparaître le jour où je parlerais enfin.

Cette visibilité médiatique — émissions, interviews, reportages — m’a placée en première ligne. J’ai porté une posture de force, de résilience, alors que à l’intérieur, je m’effondrais peu à peu.

Solweig Ely - procès pédophilieBéatitudes

Souvenirs et récits recueilli dans la douleur

Le procès a duré trois jours. Chaque jour, j’ai entendu récits détaillés, parfois insoutenables, des autres victimes mais aussi du mien. J’ai eu l’impression de revivre chaque geste, chaque intention. Je n’étais ni prête ni préparée à cette résurgence. Petit à petit, le tribunal est devenu une cage où je me suis abîmée intérieurement. Ce que je croyais pouvoir traverser avec courage s’est transformé en un retour en enfer.

L’illusion du remède immédiat

Ce désir de tout dire et de tout effacer rapidement s’est révélé dangereux. Il n’y avait pas de guérir instantané, pas d’acte libérateur instantané — pas même l’abolition de la honte. Mes prises de parole médiatiques ont créé un masque social d’apparence forte, mais derrière, le vide émotionnel grandissait. À l’époque, je croyais que casser le silence suffirait à guérir. Mais le trauma ne disparaît pas avec l’audience.

Survivre à la honte et à la culpabilité : un long chemin

J’ai fini par comprendre qu’avoir parlé n’était que le début d’un autre chemin, plus long, plus tortueux. Le procès m’a redonné une voix, mais j’étais encore très loin de retrouver ma paix intérieure. La «libération» était symbolique, mais l’épuisement était réel. Et j’ai découvert que la culpabilité, le silence et la honte peuvent revenir après la visibilité médiatique, si on n’a pas posé des bases intérieures solides.

Une victime d'abus sexuel parle ouvertement

De la victime qui parle à la survivante en chemin

Aujourd’hui, je parle d’accompagnement de reconstruction, pas d’expiation. Le procès et le livre m’ont rendue visible, mais c’est dans l’intime, loin des caméras, que j’ai commencé le vrai travail. J’ai compris :

  • Que montrer ma vulnérabilité est un acte de courage, non une fin.
  • Que la reconstruction passe par le temps, l’écoute, les choix personnels.
  • Que être « survivante » ne suffit plus sans reconnexion à soi.

Pourquoi je partage ce récit ici

Sur Chemins de Vies, je veux créer un espace où vous n’avez pas à porter seul·e votre douleur. Un espace où la parole peut exister sans jugement, où chaque revieillir n’est pas le but, mais un processus, un chemin. Vous trouverez ici des ressources, des témoignages, des outils pour avancer, pas une autorité externe, mais un accompagnement humain.

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