Richard Schwartz a écrit de nombreux ouvrages sur l’IFS, mais deux en particulier se démarquent et sont accessibles en français : Système familial intérieur : blessures et guérison et No Bad Parts (traduit en 2023 sous le titre Pourquoi nous sommes essentiellement bons). Sans en faire une chronique exhaustive, voici les grands axes développés dans ces livres, qui permettent de mieux cerner la profondeur de l’approche IFS.
Petit rappel de ce qu’est le Système Familial Intérieur
Avant d’aborder ces livres en détail, rappelons brièvement ce qu’est l’IFS (Système Familial Intérieur), un modèle de psychothérapie novateur développé dans les années 1980 par le Dr Richard Schwartz. Au fil de ses années de pratique et de recherches, ce dernier a démontré que notre psyché n’est pas monolithique. En effet, elle se compose de multiples « parts » intérieures et d’un Self central, notre essence profonde qui est naturellement calme, sage et bienveillante.
Le principe des « parts » intérieures
Richard Schwartz distingue notamment deux grands types de parts : les parts protectrices et les parts exilées. Les parts protectrices agissent comme des gardiens intérieurs. On y trouve « les managers », qui contrôlent tout pour prévenir la souffrance. Et « les pompiers », qui réagissent de manière impulsive pour étouffer les douleurs émotionnelles quand elles deviennent trop intenses.
À l’inverse, les parts exilées représentent nos facettes les plus vulnérables. Celles qui portent les blessures du passé et les émotions refoulées. Ce sont ces parts blessées que les protecteurs cherchent justement à tenir à distance pour nous préserver. La grande force de l’IFS est de considérer qu’il n’y a pas de mauvaises parts en nous. Car, même les aspects de nous qui semblent négatifs ont en réalité une intention protectrice à l’origine.
Le Self, siège de notre curiosité et notre compassion
Plutôt que de lutter contre ces voix intérieures, l’IFS nous invite donc à les accueillir avec curiosité et compassion. En laissant le Self instaurer un dialogue bienveillant entre elles. Ce processus permet aux protecteurs de relâcher peu à peu leurs défenses et aux exilés de libérer leurs souffrances cachées. Ce qui rétablit une harmonie intérieure durable avec le Self aux commandes de notre vie psychique.
Pour en savoir plus sur les principes et la pratique de l’IFS, n’hésitez pas à consulter mon article dédié à la découverte de cette approche :
Système familial intérieur : blessures et guérison (2009)
Publié initialement en anglais dans les années 1990, ce livre fondamental de Richard Schwartz a été traduit en français en 2009. Il s’agit sans doute du premier ouvrage de référence sur l’IFS. Il présente en détail les concepts et la méthode thérapeutique du modèle.
La découverte des parts par le docteur Richard Schwartz
Dès l’introduction, Richard Schwartz y explique comment il a « découvert de nouvelles façons de réduire les conflits psychiques » en amenant le patient à travailler sur ses propres systèmes de croyances et émotions. Il décrit les parts comme des « sous-personnalités » organisées en microsystèmes figés à la suite d’un traumatisme. Et, ces dernières ont tendance à se substituer au Self pour diriger notre vie psychique. Tout l’enjeu de la thérapie IFS est donc de rétablir un dialogue entre ces parts. Et de restaurer la position centrale du Self, « siège de la conscience », afin de retrouver un fonctionnement harmonieux.
L’ouvrage détaille les types de parts (managers, pompiers, exilés) et fournit de nombreux exemples cliniques pour illustrer le travail intérieur avec chacune d’elles. On y suit notamment l’histoire de Sarah, une patiente dont Richard Schwartz décrit les séances pas à pas. Pour moi, lorsque j’ai découvert l’approche IFS, ce témoignage a rendu la lecture vraiment plus concrète.
L'IFS : un nouveau concept plein de bienveillance
Un aspect important mis en avant dans ce livre, c’est l’originalité et la bienveillance de l’approche IFS. En effet, Richard Schwartz insiste sur le respect profond de la personnalité du patient qu’implique cette méthode. Plutôt que d’imposer une interprétation ou de brusquer les défenses, le thérapeute IFS collabore avec le patient. Pour cela, il ou elle s’appuie sur la « sagesse intuitive » de celui-ci afin de guider la résolution de sa problématique. Ce respect et cette confiance envers le monde intérieur de la personne sont très présents tout au long du livre.
Enfin, le livre Système familial intérieur montre à quel point le modèle IFS est intégratif et polyvalent. Richard Schwartz évoque les applications possibles dans tous les champs de la psychothérapie : psychotraumatologie, thérapie de couple, troubles psychosomatiques… Mais aussi au niveau des organisations et même de la vie sociale. Il partage sa vision d’un modèle pouvant aider à comprendre les dysfonctionnements d’un groupe ou d’une institution en les voyant comme un système de parts collectives. Cette ouverture d’horizon est passionnante et témoigne de l’ambition de l’IFS : nous apprendre à être plus à l’écoute de nous-mêmes pour, in fine, mieux vivre ensemble.
En lisant ce livre, on réalise combien l’IFS est à la pointe d’un renouveau thérapeutique. D’autres grands noms de la psychologie l’ont d’ailleurs reconnu. Par exemple, le psychiatre Bessel van der Kolk, auteur du best-seller Le corps n’oublie rien. Cet expert du trauma considère l’IFS comme « une des thérapies du trauma les plus révolutionnaires de ces dernières décennies ». C’est dire l’impact qu’a eu la vision de Richard Schwartz dans le domaine de la guérison psychique !
No Bad Parts : Pourquoi nous sommes essentiellement bons
Des années après son ouvrage fondateur, Richard Schwartz a publié en 2021 No Bad Parts: Healing Trauma and Restoring Wholeness with the Internal Family Systems Model. Ce livre, plus récent et à destination du grand public, n’a été traduit en français qu’en 2023 (aux Éditions Quantum Way) sous un titre évocateur : Pourquoi nous sommes essentiellement bons – Guérir les traumatismes et restaurer le Self-leadership avec l’IFS. Il s’agit d’un véritable aboutissement de la pensée de Richard Schwartz, où il expose de façon pédagogique les principes de l’IFS. Tout en y ajoutant une dimension plus personnelle et spirituelle.
Une vision profondément positive de qui on est
Le titre No Bad Parts annonce clairement la couleur : arrêtons de juger et d’exiler nos parts intérieures. Aucune part n’est « mauvaise par essence ». Même celles qui nous font du tort ou dont nous avons honte. Car toutes cherchent en réalité à nous protéger ou à nous apporter quelque chose, fût-ce de manière maladroite. Ainsi, Richard Schwartz invite le lecteur à faire la paix avec nos voix intérieures critiques, nos impulsions indésirables et nos émotions refoulées. Plutôt que de les combattre, il nous propose d’aller à leur rencontre pour découvrir leur rôle essentiel.
Le titre français (« Pourquoi nous sommes essentiellement bons ») reflète bien cette vision foncièrement positive de l’être humain. Malgré nos traumatismes, malgré nos comportements autodestructeurs, il existe en nous une bonté fondamentale : celle du Self. C’est un message profondément optimiste et libérateur.
L’IFS en pratique
Concrètement, Pourquoi nous sommes essentiellement bons est un livre très accessible, truffé d’exercices pratiques. Richard Schwartz y partage des méditations guidées et des exemples de dialogues thérapeutiques pour aider le lecteur à faire lui-même l’expérience de son système intérieur. Vous y trouverez par exemple des invitations à repérer vos propres managers et pompiers, à les questionner pour comprendre leurs peurs et intentions. Ou encore à entrer en contact avec un exilé dans un espace intérieur sûr. La bienveillance et la pédagogie imprègnent chaque page, ce qui rend la lecture à la fois touchante et instructive.
Par moments, Richard Schwartz ouvre aussi son cœur sur son parcours personnel. Il raconte l’évolution de sa carrière et comment, au fil de 40 ans de pratique, il en est venu à une vision presque spirituelle de l’IFS. En effet, il voit dans le Self la preuve que « l’humanité est fondamentalement bonne et interconnectée ». Aussi, il n’hésite pas à élargir le propos de la guérison individuelle à une réflexion plus globale sur la compassion dans le monde. Cet aspect universaliste ajoute une profondeur supplémentaire au livre, qui dépasse le simple cadre de la psychothérapie pour toucher à la philosophie de la bonté humaine.
Un livre transformateur pour tous ses lecteurs
Notons enfin la préface d’Alanis Morissette qui ouvre l’ouvrage français. Ce témoignage d‘une chanteuse engagée et adepte de l’IFS montre la popularité grandissante de ce modèle dans la culture contemporaine. Ainsi, Pourquoi nous sommes essentiellement bons est devenu en peu de temps un livre transformateur pour beaucoup de lecteurs. Confirmant l’IFS comme un outil de croissance personnelle et de guérison psychologique de premier plan.
Pour résumer, si Système familial intérieur était le manuel théorique et clinique qui posait les bases de l’IFS, Pourquoi nous sommes essentiellement bons en est l’expression mûrie et grand public. Il met l’accent sur la réconciliation intérieure et l’espoir qu’aucune part de nous n’est irréparablement mauvaise. Ces deux lectures se complètent à merveille pour qui veut vraiment comprendre et vivre l’IFS.
Vers de nouveaux chemins de vie avec l’IFS
En définitive, l’approche IFS de Richard Schwartz se présente comme un chemin de guérison intérieure transformateur. Fondée sur la découverte d’un Self aimant et la compréhension de nos parts protectrices et exilées, elle nous apprend à nous reconstruire de l’intérieur, avec douceur et respect. Elle s’intègre parfaitement dans une démarche de résilience après un traumatisme. Car, elle redonne du sens et de l’espoir là où règnent souvent le chaos et la culpabilité.
Je ne pouvais qu’être en résonance avec une telle méthode, qui, comme Chemins de Vies, encourage chacun à emprunter son propre chemin vers la guérison psychique, avec douceur et bienveillance.
Je n’ai pas encore lu ces deux ouvrages, mais ils m’attirent vraiment par la profondeur de leur approche. J’aime particulièrement la vision spirituelle et humaniste de Richard Schwartz : chaque part en nous, même blessée, cherche à être entendue avec bienveillance. Je confirme que nous sommes tous interconnectés : tout est un.
J’ai également beaucoup apprécié qu’Alanis Morissette, hypersensible comme moi, ait contribué à faire connaître l’IFS : son regard sensible et conscient résonne profondément avec cette démarche intérieure.
En tant que Coach Transpersonnelle pour hypersensibles, j’utilise des outils puissants pour accompagner les sous-personnalités dans mes séances. Merci beaucoup Solweig pour ce partage inspirant ! 🙏